Échapper à mes démons ?

Je ne pensais pas faire cet article…

Mais l’histoire que je vais vous raconter aujourd’hui vaut la peine d’être relatée.

Cette histoire, je pense sincèrement qu’elle peut être inspirante, même révélatrice, et aider les personnes qui sont dans la situation dans laquelle j’étais il y a de cela seulement quelques mois.

Et peut-être qu’aussi, j’ai besoin de poser tout ça sur papier. De faire mon « auto-psychanalyse ».

De voir où j’étais, et de voir le chemin que j’ai parcouru ces dernières années.

Vous l’aurez compris.

Cette histoire que je vais vous raconter, c’est mon histoire.

L’histoire de la personne derrière ces articles.

Vous avez suivi mes aventures pendant des mois, mais au final, vous ne savez pas vraiment qui j’étais et qui je suis maintenant.

D’où je viens, et où je vais maintenant.

J’espère que cette histoire permettra à quelques personnes de se sentir mieux, de leur redonner espoir, et peut-être à certaines d’entre-elles de, comme moi, changer leur vie.

La vie est faite de choix, de décisions.

J’ai fait un choix, il y a des années de cela.

Quand j’ai choisi de foncer tête baissée sur un diplôme de vente, afin de devenir agent immobilier.

J’étais sûr d’être fait pour ça.

Cela a été la pire décision de ma vie.

Cette décision, je l’ai regrettée tous les jours de ma vie à un certain point.

Elle m’a rongé de l’intérieur, et j’en voulais à la terre entière.

J’en voulais au système éducatif, qui laisse des gamins de douze ans décider de leur futur, sans aucun accompagnement (Honnêtement, ma position n’a jamais changé à ce sujet, je pense sincèrement que de grands changements sont nécessaires dans notre système éducatif tant du point de vue de l’orientation, que du point de vue des cours prodigués, mais là n’est pas le sujet de cet article, donc on va s’en tenir à ce bref avis).

Je m’en voulais également d’avoir été trop sur de moi, de ne pas avoir préparé de plan B.

J’en voulais à tout le monde, mais surtout à moi.

Je n’ai pas immédiatement regretté ma décision.

J’ai, malgré le fait que j’avais laissé de côté l’immobilier, bien eu l’intention de trouver un travail dans le domaine de la vente.

Mais, en fait, alors que l’on a eu de cesse de nous répéter que « Le BAC c’est important, le BAC vous ouvrira des portes etc. », j’ai au fur et à mesure du temps réalisé que finalement, le BAC ne valait…RIEN !

Un conseil par ailleurs si des lycéens passent par là, n’arrêtez pas après le bac.

De nos jours, le BAC seul ne vaut plus rien.

N’écoutez pas vos professeurs qui vous parlent du BAC comme le Graal à atteindre.

Le BAC aujourd’hui, ce n’est plus qu’une passerelle pour décrocher des diplômes supérieurs.

Bref, après plusieurs échecs et petits boulot inintéressants autant que futiles, la dépression s’est invitée dans la danse.

Et à partir de là, ma vie n’a été qu’une descente aux enfers.

J’ai pourtant essayé de garder la tête hors de l’eau.

Mais à chaque fois je m’arrachais pour enfin décrocher un travail qui me permettrait de m’en sortir, cela se soldait tout le temps par un échec.

Donc à chaque échec, je m’enfonçais toujours plus profondément dans cette dépression qui ne cessait de prendre de l’ampleur.

J’ai abandonné.

J’essayais de temps à autre de me relancer, mais aucun des CV ou aucune des lettres de motivations que j’envoyais ne trouvait grâce aux yeux des entreprises.

Petit à petit je devenais quelqu’un d’autre.

Je ne sortais plus, je ne voyais plus personne.

Je n’avais plus d’envies.

La seule chose que je faisais, c’était de passer toutes mes journées devant ma console.

Déjà que j’étais à la base quelqu’un de très solitaire, la dépression n’a fait qu’aggraver la situation.

Et vous savez quoi ? Cela va s’empirer. Et au final maintenant que j’y pense, c’était étrange que cela s’empire à ce moment-là…

J’ai déménagé ; avec mes parents, je suis passé de la banlieue Parisienne à la campagne Nivernaise.

Au début, m’a fait un bien fou.

J’étais à nouveau déterminé.

Déterminé à me sortir de ma situation.

J’enchaînais les démarches, pour trouver un emploi, pour trouver d’autres choses.

C’est à ce moment que j’ai entendu parler pour la première fois du Corps Européen de Solidarité.

J’ai rencontré Isabelle pour la première fois en juin 2019 pour parler de mon projet.

D’ailleurs, destin ou non, ce jour là, j’ai également rencontré Hélène qui avait fait un projet en Pologne, à Poznań… dans la même organisation où je m’engagerais un an plus tard !!!!

Car, comme je l’ai expliqué dans mon premier article, j’ai mis plus d’un an avant de trouver un projet, je ne voulais pas d’un projet qui ne m’intéresse pas, et dans lequel je ne pourrais rien apporter.

Alors, qu’est-ce qui a bien pu se passer entre juin 2019 et fin août 2020 ?

Et bien… j’ai travaillé de temps à autre pour le supermarché local dans le but de me faire un peu d’argent pour partir sereinement.

Bien sûr, ce n’était pas un boulot de rêve, mais au moins j’étais payé.

J’ai travaillé en Boucherie, en Poissonnerie, des fois également en rayon.

Bref, là où on avait besoin de quelqu’un.

Un bouche-trou en quelque sorte.

Pendant ce temps, je ne trouvais pas d’offres intéressantes. Après un échec de plus – j’ai postulé pour une offre située en Écosse, sans succès – la situation sanitaire s’est aggravée et le confinement a pris place.

En clair, je servais de bouche-trou, le confinement était là, et ma vie continuait d’empiler les échecs.

Donc, inévitablement, ma dépression a pris une ampleur incontrôlable.

C’est là que je suis réellement devenu quelqu’un d’autre. Quelque chose d’autre.

L’empathie n’a jamais fait partie de mes qualités principales.

Je me souviens de n’avoir fait preuve d’empathie qu’une poignée de fois dans ma vie.

Mais là, c’était quelque chose d’autre.

Ma dépression était devenue trop forte pour moi. Je ne pouvais plus me battre

Mes démons me consommaient à petit feu, ils me rongeaient de l’intérieur.

Je ne pouvais plus qu’encaisser les coups avec plus ou moins de mal, sans réponse.

Petit à petit, je me suis transformé.

J’étais devenu aigri, détestable, méprisant et râleur. Et ça c’était dans mes bons jours.

Mais le pire vous savez ce que c’est ?

Le peu d’humanité que j’avais avait disparu.

Je ne me considérais plus comme humain. C’était terminé.

J’ai sombré, j’ai senti mon humanité me quitter petit à petit, s’arracher de moi.

Je n’en pouvais plus, j’avais renoncé à me battre, je pensais être épuisé, j’étais en fait brisé. Toutes ces années à cacher à tout prix ma dépression, ma solitude…tout cela m’avais brisé.

J’étais devenu un monstre froid et sans âme.

Juste quelque chose errant sur la Terre.

Je n’avais plus de bons sentiments.

Toutes mes pensées étaient noires, et je n’étais tout simplement plus humain.

J’étais d’une froideur à vous glacer le sang et on ne pouvait pas compter sur moi pour vous souhaiter le meilleur, car je ne pouvais juste plus souhaiter que de bonnes choses arrivent.

Je souhaitais le malheur aux gens, je crois simplement que je ne supportais plus de voir des gens heureux, comme si ils ne le méritaient pas.

Ma descente aux enfers a continué.

Je ne voulais plus célébrer les fêtes.

Je ne voulais même plus entendre parler de mon anniversaire, car je maudissais ce jour qui symbolisait mon arrivée sur Terre.

Car je ne voulais plus être sur Terre.

J’avais perdu l’envie de vivre.

Mon âme était partie et plus les jours passaient, plus mon état s’empirait.

J’allais droit dans le mur.

Pour être honnête, si ma situation aurait duré deux ou trois mois de plus, je ne sais pas ce que je serais devenu…

Plus rien n’allait.

La fameuse « lumière au bout du tunnel » n’était plus là ; je ne voyais que les ténèbres autour de moi.

J’étais au bord du gouffre, l’Enfer me tendait les bras.

Puis j’ai reçu ce mail.

Je pensais justement réessayer ma chance de trouver un projet européen après le confinement et la fin de mon 5 ou 6ème CDD avec le supermarché.

Mais Isabelle m’a devancé et m’a envoyé un mail avec deux offres.

Celle de dix mois ne m’intéressait pas, car trop longue.

Je ne voulais pas d’un projet trop long, car si ça ne me plaisait pas, comment j’aurais fait ?

Donc, comme je voulais tenter ma chance, j’ai décidé de postuler pour la seconde offre.

Une offre de cinq mois, pour un projet à Poznań, en Pologne, pour l’association « CIM HORYZONTY ».

Je ne le savais pas encore mais cette décision allait être la meilleure de ma vie.

Même plus, elle allait me la changer, et même, me la sauver.

À partir de ce moment, la chance, qui avait plié ses bagages et quitté le navire des années plus tôt, était enfin de retour.

Car à partir du moment où, après un entretien d’embauche réussi, j’ai été sélectionné pour faire partie du projet, les coups de chance se sont succédé, et je dirais même plus, continuent de se succéder.

J’ai également eu la chance et le privilège de non seulement avoir trouvé un projet, mais d’avoir trouvé le BON projet.

D’un point de vue professionnel, certes, où j’ai pu développer une quantité de compétences que je n’aurais jamais pensé développer (je me considérais, à juste titre, comme un bon à rien pendant des années), mais surtout d’un point de vue personnel.

J’ai eu l’honneur de rencontrer des personnes exceptionnelles, qui nous ont, moi et les autres, chaleureusement accueillis.

Grâce à mon travail dans cette association et aux personnes qui y travaillent, j’ai retrouvé l’envie de vivre.

Et plus que cela, j’ai même retrouvé un peu de mon humanité et de mon âme que je pensais disparues à jamais.

Grâce à vous, je ne suis plus un monstre brisé, sans âme.

Grâce à vous je suis redevenu humain.

Ula, Marta, Kamila, Flora, je ne vous remercierai jamais assez de votre accueil et de votre gentillesse.

Vous êtes les personnes les plus incroyables que j’ai eu la chance de rencontrer, et je suis heureux de pouvoir continuer à vous voir et à travailler avec vous de temps à autre.

Je ne remercierai également jamais assez Isabelle de n’avoir pas abandonné l’idée de me trouver un projet, malgré le fait que j’étais…disons très difficile sur ma sélection de projet.

Merci pour tout.

Cette fois-ci, c’est bel et bien la fin de mes articles.

Mais cette histoire, que je vous ai racontée tout au long de ces six mois, est sincère et vraie.

C’est l’histoire d’un gars qui a connu le pire et le meilleur.

C’est l’histoire d’un gars qui ne croyait plus en lui et plus en rien mais qui s’en est sorti.

Alors que je ne pensais pas dire cela un jour, je pense réellement que quelle que soit la situation où vous vous trouvez, l’espoir est toujours là.

Vous trouverez une solution, même si pour cela vous devez faire table rase de votre passé et aller chercher la solution là où vous n’auriez jamais pensé chercher.

N’abandonnez pas définitivement.

Vous pouvez, vous aussi, changer votre vie…

Loïc, Poznan, Printemps 2021