Coronavirus Time

Il n’y a pas longtemps, une amie m’a envoyée une vidéo qui m’a fait sourire. C’était à propos d’une fille qui se plaignait que pendant cette période de confinement, rien ne se passait dans sa vie. Elle disait : “J’ai l’impression que ma vie est en pause. Je veux que mes copines m’appellent super excitées pour un truc qui leur est arrivé, je veux qu’elles me racontent leurs joies et leurs peines, je veux des drames, je veux de la colère, je veux ressentir quelque chose!”

Car c’est vrai qu’on peut ressentir un vide, et avoir l’impression de ne plus vivre une “vraie vie”. On a l’impression que tous les jours se ressemblent, et on est un peu perdu dans le temps.

(Petite parenthèse pour vous dire que je suis bien consciente de la chance que j’ai de pouvoir m’ennuyer. C’est un luxe de pouvoir se questionner et de pouvoir se recentrer sur soi-même en période de confinement. Je suis reconnaissante envers la vie d’être en bonne santé et de ne pas manquer d’argent. Et c’est en parti grâce à cette chance que je peux m’ennuyer.)

On a l’impression de ne pouvoir ressentir que quelques émotions comme la lassitude ou la démoralisation, et tout ce qui peut être joie peut nous paraître loin. Quelle vie monotone de rester enfermé chez soi, et de rester avec ces quelques émotions !

Mais j’ai un échappatoire : les livres, les films, les séries, la musique… en bref, l’art. Être à fond dans un livre ou une série permet de s’attacher aux personnages, et d’une façon de ressentir beaucoup “d’émotions normales” que l’on pensait perdu pendant ce confinement.

Comment pourrait-on survivre et rester à la maison pendant plus de deux mois sans l’art ?
Imaginez vous. Pas de films, pas de séries, pas de musiques, pas de livres.
Peut-être que l’art sera revalorisé, et que l’on prendra conscience de son importance grâce à cette période. Enfin bref, c’était une idée, une pensée que j’avais envie de vous partager.

Comme beaucoup de personnes, je ne m’étais pas imaginé vivre une pandémie mondiale quelques mois auparavant. Bien sûr le covid-19 a affecté mon volontariat. Mais comment ?

Concernant Madrid, toutes les écoles ont été fermées à partir du 11 mars. Au début, on pensait que cela n’allait durer que deux semaines, et qu’on allait vite retrouver notre train-train quotidien. Mais comme vous le savez, le confinement a commencé le 15 mars et actuellement, nous y sommes toujours.

Je dois dire que j’ai été assez surprise de la rapidité de la mise en place d’activités via Internet. Nos fameux “desayuno”, réunion que l’on avait avec la team d’EuropaJoven, se font désormai via Skype. Les réseaux sociaux nous ont tous gardé connecté, et nous ont permis de proposer des activités aux jeunes de Madrid. Chaque semaine sur le compte instagram d’EuropaJoven vous pouvez retrouver des recettes de différents pays, des tips/posts sur notre pays, des jeux et des énigmes à faire, ou même des recommandations culturelles. (pour clarifier, quand je dis nous, je parle des volontaires : Michela, Abdi, Samira et James)

Nous faisons aussi des ateliers de langues (anglais, italien et français), et Michela s’occupe du club de lecture.
J’ai aussi des liens avec l’association culturelle de San Pablo. Nous faisons des appels vidéos avec les enfants tous les jours pour de l’aide au devoir et du temps libre. De même avec les réseaux sociaux, on propose des activités pour les enfants, des recettes… 

Concernant mon association d’envoi, j’essaie d’écrire des articles (comme celui-ci), et de partager ce que l’on fait pendant le confinement. (le livre qu’on est en train de lire, le film qui nous a plu récemment etc.)

Je suis vraiment reconnaissante de faire partie d’une équipe aussi bienveillante qu’EuropaJoven, et aussi de toujours être en contact avec mon association d’envoi (en particulier Isabelle, et Teo.) 

            Alors voilà! Si on regarde vers le futur, qu’est ce qu’il va me manquer du confinement ?

Le truc qui m’a le plus marqué est la disparition de la pollution. Je suis au 7ème étage, donc j’ai une jolie vue sur Madrid. Mais voilà, en temps normal, il n’est pas possible de voir distinctement le bout de la rue. (premièrement parce qu’elle est très longue, mais deuxièmement parce que la pollution est présente!) Cette grande pause nous permet donc d’apprécier la vue et même d’apercevoir les montagnes au loin! Je suppose qu’au retour de la vie normale, je ne pourrais plus apprécier aussi distinctement cette vue.

La bonne cuisine va aussi me manquer. Dans la “vie normale”, je ne prends pas assez de temps pour me faire de bons petits plats. Mais peut-être que celà va changer par la suite… ?

Le confinement me permet aussi d’organiser ma journée plus ou moins selon mon humeur. Certains jours tu peux te sentir très actif et vouloir faire beaucoup de choses, d’autres jours, tu peux te sentir plus fainéant, et tu n’as pas forcément l’envie de bouger beaucoup. Cette liberté d’organisation va me manquer. Être maître de son temps.

Texte et photos : Canelle B., Madrid, 2020