« Le bonheur entre l’Est et L’Ouest »

Il y a plus de deux semaines que je suis arrivée à Nevers. Etant une grande fan du Moyen Âge, évidemment j’aime beaucoup la ville. En plus, la femme de lettres en moi ne peut pas ignorer le fait que je passe par la rue Marguerite-Duras chaque jour pour aller au travail. Utilisant quelques mots du loup des steppes, les rues et les bâtiments ne sont pas si contaminés par des réclames infernales, des affiches fatigantes et pancartes qui toujours indiquent d’aller, en fait, à côté.

Je m’appelle Teodora et je viens de Roumanie. Je suis volontaire européenne et je travaille à la Ville de Nevers pour 10 mois. Ma mission est de promouvoir les mobilités internationales, d’organiser des activités et des événements pour les jeunes en les encourageant à partir à l’étranger et en les poussant à apprendre des langues étrangères.

J’essaye considérablement d’éviter les clichés parmi mes mots mais je crois que tous ceux qui ont voyagé et qui ont vécu plusieurs fois dans d’autres pays sont ravis chaque fois, pas forcément en raison des nouveautés mais plutôt du fait de la possibilité qu’on a toujours de découvrir le monde.

Je suis sûre que tout le monde a vécu cette expérience au moins une fois, d’avoir l’impression qu’on vivait déjà depuis quelques mois ou années quelque part où en fait, il y a seulement quelques jours qu’on est. Là, c’est exactement comme ça pour moi.

Le premier week-end dans le département de la Nièvre, j’ai été à Challuy à la Fête du Sabot où j’ai eu l’occasion de participer plus ou moins au stand sur la Roumanie. J’ai appris que Nevers est jumelée avec une ville roumaine qui s’appelle Curtea de Argeș. C’est la présidente de l’association elle-même qui a eu la gentillesse de m’inviter et de m’y amener.

J’ai eu l’impression que, puisque j’ai voyagé beaucoup, il n’y aura pas de choc culturel pour moi. Mes lecteurs ne devraient pas s’inquiéter. Ce n’est pas grave. C’est juste que les Français semblent plus détendus que je l’attendais. Ici on prend des pauses longues, on mange de la nourriture légère et irréprochable, on déguste des boissons excellentes, on profite des promenades vespérales. En d’autres termes, apparemment on se respecte toujours et on n’est pas stressé. Avec les exceptions et les exagérations de rigueur bien sûr.

Maintenant, mes lecteurs diront que je tente de flatter les Français. Avec quelles attentes idéales cette fille est-elle venue ici? En fait, j’essaie de transférer le paradigme de Jésus et de saint Paul, selon lequel un prophète n’est pas bien reçu dans son pays, au fait que parfois les membres d’un pays oublient la beauté de l’endroit où ils sont nés et où ils habitent, et au présent ce sont les étrangers qui apprécient le pays des indigènes. S’il vous plait, avec indulgence, prouvez-moi le contraire !

Pourquoi j’ai dit choc culturel ? Nous, les Roumains, faisons les choses d’une manière très différente. Les citoyens de l’Europe de l’est boivent de l’alcool très fort, mangent de la nourriture, à juste titre, irréprochable mais très grasse et lourde, nos pauses sont très courtes au point où nous oublions d’en prendre, et des promenades ? Seulement si nous devons aller au magasin car on a oublié d’acheter du pain ou des graines. En Roumanie on organise sa vie à partir d’autres prémisses que les Français. On ne s’occupe pas en premier lieu de l’esprit. Tout cela, bien sûr, avec les exceptions et les exagérations de rigueur.

Le moment phare de la semaine est toujours le mercredi à 19h30 au Carnot où des gens se rencontrent pour parler anglais, espagnol et français. Langues de Chat est destiné aux gens qui veulent améliorer une langue étrangère qu’ils n’ont pas beaucoup pratiquée ou simplement aux gens qui veulent parler la langue cible, en buvant un verre et en s’amusant. Là, grâce aux jeux de connaissance, j’ai appris que Marie a nagé avec des requins, Toulouse a voyagé plusieurs fois avec un hélicoptère et Berlioz aime les serpents. Ensuite la Duchesse a ri pendant un enterrement et Thomas O’Malley sait danser la salsa.

Seulement deux semaines ont passé. L’été 2017 quand je vivais à Dublin, je suis arrivée à cette conclusion : si on mange des plats délicieux, si on boit de bonnes boissons, si nous avons une vue magnifique à la maison ou/et au boulot, si on rencontre des gens gentils … on ne peut pas se plaindre de la vie.

P.S. Naturellement je n’ai pas révélé les vrais noms de mes complices du Café des Langues. Toutefois, les connaisseurs se sont rendu compte que je me suis servi des noms des chats des Aristochats.